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mardi 17 novembre 2015

"Love is our resistance"

Rue de la Fontaine au Roi. Photo : Benjamin Filarski
J'ai voulu ce soir reprendre la plume avec une citation empruntée au groupe Muse. "Love is our resistance" est certainement la phrase qui résume à merveille l'union, la communion et le recueillement de ces derniers jours, à Paris, dans toute la France, et même dans le monde entier.
Ce week-end a sûrement été la période la plus triste et la plus pesante que nous ayons connue depuis les attentats du 11 septembre. Lundi, les Français sont retournés travailler, les écoliers ont repris le chemin de l'école, la ville de Paris a commencé, peu à peu, à se remettre en marche. Doucement, mais sûrement, et avec beaucoup d'amour et de paix.

Lundi matin, à 8h30, l'amphi n'était qu'à moitié plein. Notre professeur de psychologie a tenu à nous laisser la parole, avant la minute de recueillement. Chacun a pu, s'il le souhaitait, s'exprimer, donner son ressenti ou, tout simplement, faire part de sa tristesse et de ses pensées pour les proches des victimes. Ce long temps de parole a été très dur psychologiquement, mais je pense qu'il a été bénéfique pour toutes les personnes présentes. Parler, s'exprimer, penser, réfléchir et pleurer. Tout ça sans être jugé, et surtout, dans un respect et une tolérance absolue.

J'espère sincèrement que de votre côté, vous avez pu, si vous le souhaitiez, vous exprimer. Chacun réagit différemment à ce genre d'événements tragiques. Certains auront besoin de pleurer et de dire tout ce qu'ils ressentent ; d'autres se plongeront dans un mutisme profond, en créant ainsi un bouclier entre eux et le monde extérieur. Le plus important en ce moment est de laisser chacun apaiser son coeur comme il le désire. Sans aucun jugement.
Je fais partie des quelques personnes qui ont du mal à parler et qui se cachent pour pleurer. J'ai toujours été plus à l'aise avec l'écrit, et j'ai pu, grâce à certains amis et certaines connaissances, pouvoir m'exprimer par sms, par messages privés ou même ici, sur mon blog. Lundi matin a été l'occasion d'ouvrir les vannes.

Si j'ai voulu écrire aujoud'hui, c'est aussi et surtout pour vous faire part de deux choses qui se sont passées ces dernières jours et qui m'ont bouleversées.

Tout d'abord lundi matin, sur la ligne 9 du métro parisien que j'emprunte tous les jours. Un silence de plomb régnait dans le wagon. Des regards se croisaient et quelques sourires tentaient d'apaiser les coeurs meurtris. Une femme d'une cinquantaine d'années, debout à côté de moi, a aperçu mon tatouage All is One, sur mon avant-bras droit. Elle a ôté ses écouteurs pour discuter quelques instants avec moi. Parmi ses nombreux mots, deux phrases me sont restées en mémoire : "Votre tatouage est aujourd'hui un des symboles de notre solidarité et des sentiments qui devraient tous nous lier, dans les bons comme dans les mauvais moments. C'est le tatouage de l'espoir de ma génération, de la vôtre, mais aussi de celles à venir".
Cette femme s'est mise à pleurer, mais j'ai eu une réaction simple mais forte : je l'ai prise dans mes bras et nous avons pleuré, en silence.

Et ce soir, avec quelques amis, nous avons permis à une copine de se changer les idées le temps d'un verre. Un unique verre, mais un verre chargé d'émotions et d'amour. Cette copine a malheureusement perdu sa meilleure amie au Bataclan vendredi soir. Nous avons donc décidé, avec 6 ou 7 autres amis, de sortir, de prendre un verre dans un bar des rues de Paris. En terrasse. Nous avons tranquillement bu notre bière, et lorsque le barman a mis de la musique, nous lui avons demandé d'augmenter de volume, et nous avons dansé, ri, chanté, jusqu'à en avoir mal aux pieds et mal aux côtes. Mon amie pleurait, mais elle pleurait d'émotion. Elle pleurait puisqu'elle était heureuse et touchée de voir que nous étions toutes et tous à ses côtés. Jamais nous ne pourrons apaiser son chagrin, mais nous voulions lui témoigner notre amour et notre soutien.
Ses larmes étaient certainement les plus belles larmes de ces derniers jours, les plus belles larmes que j'ai pu voir dans toute ma vie : des larmes d'espoir et de bonheur de pouvoir se retrouver tous ensemble.
Vivants et insouciants.

Tout ceci pour vous montrer qu'actuellement, c'est l'union qui nous permet de traverser cette période difficile. C'est l'union qui, bien qu'elle ne pourra jamais effacer les souvenirs, pourra, peu à peu, nous permettre de panser les blessures.
Love is our resistance.

8 commentaires:

  1. Quel texte bouleversant, je pense si fort à ton amie, à son ressenti... All is one <3

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  2. Un texte vraiment très beau à lire ! Restons solidaires surtout ♥

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  3. Lundi j'ai pleuré seule avant d'avoir mes 3e,mais par ma fonction et parce que j'en avais eu la consigne,j'ai dû mettre des mots sur l'horreur, finalement ça m'a aidée. Samedi et lundi les visages étaient graves à Paris

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  4. Ton article est magnifique Ariane ! <3
    J'avoue que je n'aurais pas aimé me trouver à Paris les jours suivants les attentats car le climat devait être lourd :/ Rien que pars chez moi, c'était déjà une atmosphère de silence assez déconcertante dans les magasins, dans les rues... c'était bizarre. Les gens ont tous été touchés par ces horreurs, même s'ils ne sont pas parisiens.

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  5. Merci, les filles, pour vos messages d'encouragement et de soutien !
    Des bisous et du courage à vous <3

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  6. ton texte est magnifique, j'ai pleuré comme une madeleine quasiment tout samedi et rien que de repenser à tout ce qui s'est passé j'en ai le coeur lourd :( prends soin de toi ma beauté <3

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