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vendredi 5 février 2016

Journal d'un Vampire en Pyjama, Mathias Malzieu

La sortie d'un nouveau livre écrit par Mathias Malzieu est toujours un événement. C'est un événement, déjà parce que tout ce qu'écrit Mathias Malzieu est une beauté à couper le souffle, mais aussi parce que depuis quelques années déjà, chaque sortie littéraire s'accompagne de la sortie d'un nouvel album du groupe dont il est le chanteur : Dionysos.

Mais ce sixième livre est quelque peu particulier. Si dans la plupart de ses livres Mathias Malzieu distille quelques éléments de sa personnalité et de ses expériences vécues, ce Journal d'un Vampire en Pyjama est un récit jour après jour du combat qu'il a dû mener contre une maladie aussi rare que grave : l'aplasie médullaire.
Pour faire bref et sans utiliser trop de gros mots scientifiques, l'aplasie médullaire est un dysfonctionnement de la moelle osseuse rouge qui produit les cellulaire sanguines, notamment les globules rouges et les cellules immunitaires. Cellules nécessaires au fonctionnement de l'organisme, à l'oxygénation de chaque parcelle du corps et surtout, au fait que chaque individu survit aux microbes, virus et bactéries de la vie quotidienne. C'est une maladie grave mais surtout qui n'a pas de réelle cause et peut arriver à n'importe quel moment de la vie.

"Des enfants me demandent de signer leur affiche, ils touchent, éternuent, sourient, veulent des photos et des bisous. Je ne connais pas de façon plus fabuleusement douce de risquer sa vie."

Et ce calvaire arrive au moment où Mathias Malzieu a plus que jamais besoin de sa vivacité et de son étincelle légendaires : son film-bébé Jack et la Mécanique du Coeur, ce film sur lequel il bosse depuis tant d'années, est sur le point d'être dévoilé au public, et il doit, avec le reste de l'équipe, en assurer la promotion.
C'est donc ça, Journal d'un Vampire en Pyjama : l'histoire, au jour le jour ou presque, d'un homme qui partage ses journées entre interviews et "shoots" de transfusions sanguines ; entre chambre stérile et l'envie de rentrer chez lui pour retrouver la femme qu'il aime tant : Rosy.

Dans Journal d'un Vampire en Pyjama, Mathias Malzieu se livre à son lecteur sans fard, sans faux-semblants. Et c'est beau, incroyablement beau. C'est un récit doux, triste, émouvant et drôle à la fois. Ma lecture était parfois difficile : il est difficile de "voir" une personne qu'on admire souffrir et se battre de la sorte.
Mathias Malzieu nous décrit le parcours du combattant qu'est l'affrontement du maladie, mais aussi l'ombre qui plane au-dessus d'une personne gravement malade : cette fameuse Dame Oclès qui est venue l'embêter à maintes reprises. Cette femme, sans foi ni loi, qui venait le faire douter mais qui, en quelque sorte, a exacerbé sa volonté de se battre. Le récit de Malzieu est toujours juste et ne tombe jamais dans le pathos, l'apitoiement sur soi.

"On vous vole beaucoup de choses lorsque vous entrez dans une chambre stérile. La liberté, l'intimité, les cheveux parfois. Mais ne pas avoir à porter toute la journée le pyjama de bagnard fatigué aide à résister à la désappropriation de soi"

Mais malgré l'application qu'a Mathias Malzieu à écrire sans dramatisme, j'ai pleuré plusieurs fois pendant ma lecture. J'ai pleuré puisque, comme dit plus haut, c'est assez difficile d'assister, impuissante, au récit de ce qu'il a vécu. J'ai aussi pleuré face à quelques passages que je trouvais, malgré eux, touchants et beaux. Oui, j'ai pleuré face à la beauté du verbe.
Ce qui est magique avec Mathias Malzieu, c'est cette faculté à écrire de manière si belle et si imagée sans aucun effort. Quand Malzieu écrit, on est loin des grandes phrases avec des mots grandiloquents. Non. Mathias Malzieu écrit simplement mais avec une plume particulièrement jolie et émouvante. C'est si fluide, qu'on pourrait penser qu'il écrit comme il respire : sans réfléchir, tout naturellement.
Journal d'un Vampire en Pyjama est également une belle peinture de l'univers hospitalier, médical et scientifique avec, en prime, un bel hommage aux infirmières, qu'il appelle souvent les nymphirmière, et à toutes les personnes qui ne l'ont pas abandonné malgré cette épreuve. Ces infirmières qu'il faisait rire souvent, par ses phrases imagées et son humour si singulier et délicat.
Comme il le dit dès les premières pages : "Faire le con poétiquement est un métier formidable". C'est ce qu'est Mathias Malzieu : un trublion poétique et tendre.

"Les infirmières portent des armoires à glace émotionnelles sur leur dos en souriant. Ce sont les grandes déménageuses de l'espoir. A elles la lourde tâche de diffuser quelques bribes de lumière aux quatre coins de l'enfer, là où les anges perdus font du stop à main nue. Comme avec les médicaments, elles doivent en ajuster constamment le dosage. Elles sont cigognes-mamans-nymphes-filles. Elles gagnent à être (re)connues."

Lorsque j'ai eu le livre en ma possession, j'ai voulu faire durer ma lecture le plus longtemps possible, ne pas le lire trop vite malgré la vitesse incroyable à laquelle je tournais les pages. Vous savez, il y a ces pâtisseries que vous dégustez avec une lenteur et une délectation presque coupable. Les livres de Mathias Malzieu sont finalement des pâtisseries fines qui, en plus d'apporter un plaisir immédiat, laissent une trace indélébile dans votre esprit et votre coeur.

Sait-on jamais : si vous passez par ici, Monsieur Malzieu, merci de faire battre la mécanique de mon coeur à chacune de vos phrases de chacun de vos romans.

12 commentaires:

  1. Waouh, tu m'as vraiment donné envie là ! Je n'ai jamais lu de livre de Mathias Malzieu, mais je pense bien commencer avec celui-là.

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    1. Celui-ci est vraiment génial, mais si je puis me permettre, ce n'est pas forcément celui que je conseille pour une première lecture, puisqu'il fait plusieurs allusions à ces précédents livres.
      Pour commencer, je te conseille "La Mécanique du Coeur" :)

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  2. Une super chronique ! Comme Julie, je n'ai jamais lu de livre de Mathis Malzieu, mais tu me donnes bien envie de le découvrir. ^^

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  3. Coucou ma douce <3 comment tu vas? En fait le On and On et le Bad to The Bronze c'est la même teinte, c'est juste que selon d'où ils "arrivent" haha (US ou Europe) ils ont un nom différent mais ce sont les mêmes :D tu l'as aussi? c'est un fard magnifique,! Des bisous

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    1. Ah d'accord ! Je me posais la question parce que justement, je trouvais qu'ils se ressemblaient ;)
      Et oui, je l'ai et je l'adore ! :)

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  4. ça a l'air magnifique... encore une fois ça me donne envie de le découvrir...
    C'est un très bel article et un bel hommage, espérons que l'auteur se perde sur internet et trouve ton article!
    Si tu en as l'occasion un jour je te recommande vivement L'Echelle de Glasgow, qui est un livre visant normalement un public de jeunes ados (13-16 ans) mais que j'ai trouvé extrêmement touchant et qui parle aussi de la maladie (mais en l'occurrence la sclérose latérale amyotrophique donc maladie de Charcot si je ne m'abuse - je ne l'ai ps lu depuis longtemps)

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    1. Coucou Lili !
      Merci pour ton compliment, c'est adorable !
      J'ai noté sur un petit carnet le titre du livre dont tu parles, il faudrait que j'aille voir ça ; ça a l'air très intéressant !
      Gros bisous !

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  5. Coucou ! Merci pour tous tes commentaires ! <3 Je ne connaissais pas cet écrivain, mais la manière dont tu en parles, ça a l'air d'être hyper intéressant (j'aime beaucoup la comparaison à la patisserie fine ^^).

    Et pour répondre à ton commentaire : on va dire que la méthylisothiazolinone (=je l'appelle MI pour le diminutif) (et la methylchloroisothiazolinone (MCI)) est réputée pour être allergisante. Non seulement les tests sur les animaux et les humains s'avèrent positifs quant à l'allergie cutanée, mais la législation en vigueur (concernant les doses de ces molécules) va changer (dans le but de réduire les doses dans les produits cosmétiques et de soin). Le phénoxyéthanol : rien n'est encore "sûr" à ce jour, mais il existe pas mal d'études sur les souris qui ont conclu à une toxicité (hémotoxique et hépatotoxique). Sur l'homme rien n'est encore "prouvé". Ces 2 substances sont censées remplacer les parabens... et c'est ça qui fait peur. En fait dans les produits sans parabens, ils mettent souvent d'autres conservateurs, qui s'avèrent être "pire" (ou pas). Si c'est la MI/MCI : c'est pire car je connais des gens qui y sont réellement allergiques ! Ma belle-mère l'est, et ça lui fait des plaques rouges avec boutons à chaque fois qu'elle utilise un produit avec de la MI/MCI... :(

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    1. J'adooooore manger, et ça se voit un peu :p
      Merci pour ta réponse ! Ca prouve que je n'y connais vraiment rien et qu'il faudrait que je prenne le temps de lire les étiquettes des produits cosmétiques que j'achète, surtout avec ma peau hyper-sensible !

      Gros bisous ! <3

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  6. Whaaaaa tu me donnes vraiment mais vraiment envie de lire ce roman!! ❤

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