6
mois, c’est long, mais c’est aussi très court. Il y a 6 mois, le temps
emportait une des personnes les plus importantes de ma vie : mon meilleur
ami Morgan. Je sais que parler de ce genre de choses va peut-être vous mettre
mal à l’aise, et j’en suis navrée, mais je sais que la famille de Mo’ passe de
temps en temps ici, et je voulais lui rendre hommage, ce 21 mai 2012, 6 mois
jour pour jour après sa disparition.
Avant
toute chose, j’envoie tout mon amour aux parents de Morgan, Stéphane et Léa, à
sa grande sœur, Hélène, et au petit frère, Thomas. Je suis souvent en contact
avec eux, car ce sont des personnes humainement formidables.
Je n’ai
jamais été très douée pour mettre des mots sur mes sentiments, encore moins à l’oral,
et c’est pour cette raison que je ne parle pas souvent de Morgan. Certains doivent
se dire « oh, elle ne parle jamais de lui, elle se console vite ». Oui, c’est vrai, mais je
ne l’oublie pas pour autant. Au contraire. 6 mois après, le deuil n'est pas fait. Comme le disait je ne sais trop
quelle chanteuse de variété : « On n’oublie jamais rien on vit avec ».
Je n’ai pas oublié.
Je
dois avouer que les premiers jours, je me suis demandée comment la vie pouvait
continuer, avec un tel coup de massue sur la tête. Je n’avais jamais perdu quelqu’un
auparavant. Perdre son meilleur ami, son frère de cœur, d’un cancer, c’est dur,
très dur. Surtout qu’à ce moment, j’avais déjà quelques soucis. Quand le lundi
21 novembre, en sortant du cours de biologie, Léa m’a appelé, j’ai vraiment cru
que je faisais un cauchemar.
La perte
d’un être cher est certainement la pire chose qu’il puisse arriver, surtout
quand cet être cher était un jeune homme de 16 ans, plein d’ambition, de rêves et d’avenir ;
surtout quand cet être cher était habité depuis quelques mois (années ?) d’une
putain de tumeur, surtout quand vous n’avez pas pu dire au revoir à cet être
cher. Morgan, c'était le Basque qui en un battement de cils pouvait avoir toutes les gonzesses à ses pieds (facile quand on ressemble à Dan Carter et qu'on a le coeur de l'Abbé Pierre !).
J’en
ai voulu à la terre entière, mais aussi à moi. A la terre entière car je suis
comme mon père qui gueule quand il ne trouve pas le sucre : il faut
trouver un coupable. Pour moi, et avec du recul, c’est complètement idiot, les responsables
étaient les médecins. Ils n’y sont pour rien, ils ont fait le plus possible
pour lui, je le sais, mais pendant 3-4 mois, je leur en ai voulu. J’en ai voulu
à ces médecins, qui lui ont demandé qu’il se rase ses si beaux cheveux, avant l’opé,
j’en ai voulu à celui qui l’a laissé mourir sur la table froide du bloc
opératoire. Mais ils n’y étaient pour rien ! Le père d’Elodie, neurologue,
a eu accès, quelques semaines après le décès de Morgan, à son dossier. Et il
nous a confirmé qu’avec une évolution si rapide de la tumeur, rien n’était
possible. Au mieux, il vivait 1 an. Mais lui, je ne lui en veux pas.Je m’en suis voulue, et je m’en veux toujours, car je n’étais pas là à l’annonce de sa maladie. Le 22 octobre, après quelques années passées à Paris, Morgan est reparti chez lui, à Biarritz, là où il était réellement à l’aise. L’année prochaine, il serait entré au Sport-Etude Rugby de Bayonne. Ambition, rêve, courage… Le 9 novembre, son cancer a été découvert. Le 21, il en est décédé. J’ai été à ses côtés, grâce au téléphone, aux SMS, aux mails, etc. Mais actuellement, je m’en veux de ne pas avoir été là physiquement. Je l’ai vu la dernière fois le 6 octobre, le jour de mon ‘accident de voiture’.
Actuellement,
je m’en veux toujours. Je m’en veux de ne pas avoir été là, certes, mais
surtout, je m’en veux de ne pas l’avoir poussé à passer des examens. Parce que
Morgan avait des vertiges, des malaises, des moments d’égarement et des maux de
têtes depuis déjà quelques mois. Mais selon son généraliste, Morgan était « migraineux ».
Physiquement,
Morgan n’est plus là. Mais en fait, si, il est toujours là. Cette présence,
parfois, le soir, lorsque je lis quelques pages avant de dormir. Cette présence,
à côté de moi, quand je suis seule. Cette présence, constamment. Je sais que c’est
lui. Il m’arrive d’être persuadée de le voir, mais je sais que c’est pourtant
impossible. Je sais qu’il est encore là. Il m’arrive de me réveiller en pleine
nuit, de penser voir une ombre dans ma chambre. J’allume la lumière, mais il n’y
a plus personne. Peut-être que finalement, moi aussi, je suis malade…
En
premier lieu, je me suis refermée sur moi-même, pensant que tout garder pour
moi serait le mieux. J’ai vécu comme cela pendant 2 mois. J’ai passé les « fêtes »
de fin d’année les plus douloureuses de ma vie. Mais je n’ai rien dit. J’ai
encaissé. Silencieusement. Comme un boxeur qui veut terminer son match. J’ai
voulu terminer mon match. Sauf que ce match, c’est ma vie. Et je me suis vite
rendue compte que vivre toute ma vie de cette manière serait invivable,
étouffant et oppressant.
En 6
mois, j’ai changé. J’ai appris à relativiser, à apprécier les bonheurs simples
de la vie. C’est très cliché de dire cela, mais quand la réalité du temps qui
passe vous rattrape, vous faites un arrêt sur image de votre vie, et vous
faites le bilan. Maintenant, j’apprécie chaque instant, chaque plaisir simple
qui, pour certaines personnes, peut passer comme ‘banal’. La convivialité d’un café
après les cours avec les amis, la sensation de liberté, de puissance et de pouvoir lorsqu’on tape des coups
de pénalité avec un ami, le plaisir d’un resto, l’euphorie d’un évènement
sportif, le soleil qui cogne sur la fenêtre,…
En 6
mois, j’ai fait un sacré bilan. J’ai « retapé » mon programme d’avenir.
Je me suis éloignée de certaines personnes, rapprochée d’autres (notamment au lycée), et j’ai aussi
rencontré de nouveaux visages qui ont donné un sens à ma vie. Je me suis fondée
une deuxième famille avec qui je partage actuellement tout. Je ne cite
personne, mais je sais que vous savez qui vous êtes.
Avant,
je regardais Friends en me disant « Tu
ne trouveras jamais des personnes pareilles, tu ne vivras jamais un truc pareil ».
Je me suis trompée. J’ai trouvé mes friends,
(même si vous êtes plus nombreux que dans la série) j’ai trouvé ma joie de
vivre, j’ai trouvé ma deuxième famille.Vous êtes ma bulle d’oxygène, mon ‘moment-plaisir’, ceux qui me font rire, sourire. Vous êtes ma seconde famille. Je vous l’ai dit, j’ai du mal à mettre des mots sur ce que je ressens, et malheureusement, j’aimerais vous dire plus souvent combien vous comptez, combien je vous aime, mais je n’y arrive pas. J’espère que vous vous rendez compte à quel point vous êtes indispensables à ma vie. Je revis à travers vos sourires, à travers vos encouragements, à travers votre soutien, mais aussi votre réussite, car je suis fière de vous, fière de ce que vous faîtes, fière de ce(ux) que vous devenez.
Je clos
ce long et personnel billet sur un mot d’amour dédié aux personnes qui, de
toute façon, se reconnaîtront : merci pour tout, je vous aime.
Morgan,
jamais nous ne t’oublierons.Tout mon amour va vers Stéphane, Léa, Hélène et Thomas.
Vivez vos rêves, et ne rêvez pas votre vie. Votre vie, c'est vous qui la faites, pas les autres, vous. Alors foncez, ignorez les critique, faites VOS choix. Visez la Lune, au pire, vous décrocherez une étoile.
Je vous remercie d'avance de ne pas me parler "face à face" (dans la vraie vie comme dirait Elo) de ce billet, car je n'aime pas (je ne peux pas) affronter le regard des autres lorsque je parle de cela. Merci.
PS :
le titre de cet article est le titre d’un roman de grand Mathias Malzieu, un
des plus doués de sa génération.
Quand Morgan est parti, nous ne nous connaissions pas encore, mais par ton regard et celui d'Hélène, j'ai l'impression de l'avoir toujours connu. C'est con, je sais. Mais je suis sûr que Morgan était un jeune mec adorable (s'il faisait un sport étude rugby, c'est forcément un mec bien :p). Et cet article me fait de la peine. Parce que ça me fait de la peine de voir que tu ne vas pas bien. Je sais très bien que parfois, si on te dit "ça va ? Tu as l'air pensive...", tu vas répondre "oui, oui, ça va". Ou alors tu vas sortir une connerie (car l'humour est ta plus grande arme de "protection"). Mais sache que moi (mais aussi les autres, donc "nous"), je le vois, et je sais très bien à quoi tu penses. Ou plutôt à qui.
RépondreSupprimerOui, 6 mois, c'est long, et c'est court. On ne se connait que depuis 4-5 mois environ, mais étrangement, on s'est déjà dit beaucoup de choses et, je ne sais pas si c'est la même chose de ton côté, j'ai l'impression de te connaître depuis plusieurs années.
Comme tu le dis toi-même, tu ne parles jamais de cet "épisode de ta vie". Enfin... si, une fois tu m'en as parlé, et la conversation a duré très, très longtemps. Mais depuis ce jour-là, plus rien. J'espère que cette conversation t'a fait du bien, et j'espère que tu sais que tu peux compter sur moi. Parler de certaines choses fait mal, je sais, mais ça fait aussi du bien. Sache qu'on sera TOUJOURS là pour toi, quoi qu'il arrive. Et, en ce qui me concerne, tu sais très bien que tu peux m'appeler à n'importe quelle heure si tu as besoin de parler.
Quant à ton projet "d'avenir professionnel", même si tu dis que ce n'est pas le cas, je sais très bien que ton envie de bosser dans le paramédical est étroitement liée à ces évènements. Tu dis catégoriquement "non", mais je sais très bien que si (et je t'imagine en train de secouer la tête de gauche à droite et en train de lever les yeux au ciel en lisant cette phrase précédente). D'après Elo, tu as toujours voulu aider les autres, ça, je n'en doute pas, mais passer du journalisme au paramédical, ça ne se fait pas "comme ça". En tout cas, je suis sûr que ton projet (diététicienne, si mes souvenirs sont bons) t'ira parfaitement, et je suis sûr que tu réussiras, car quand tu aimes quelque chose, tu ne le fais pas à moitié. Et je suis également sûr que tu feras une bonne diététicienne, car tu sais écouter, tu sais conseiller. L'autre jour, quand tu étais aux toilettes, on parlait de toi (oui, oui, je balance !). Elodie a dit que tu étais "née pour aider les autres". Je suis d'accord avec elle. En quelques mois, je l'ai vu. Tu serais capable de te faire tirer dessus pour protéger quelqu'un que tu aimes, et c'est tout à ton honneur.
Le passage sur ta, je cite, "deuxième famille" m'a vraiment, vraiment touché. Il est vrai que tu n'exprimes pas oralement tes sentiments, mais ne t'inquiètes pas, nous savons très bien ce que tu ressens. On le sait car tu as toujours été bienveillante avec nous, tu prends toujours de nos nouvelles, tu t'inquiètes toujours de notre état après notre "boulot", tu nous conseilles beaucoup de choses,... Puis, tu sais, malgré toi, tu as un visage très expressif (oui, oui, et je ne suis pas le seul à le dire !).
On sera toujours là pour toi, et sache que l'amitié ne se partage pas que dans les bons moments, alors quand ça ne va pas, parle-nous, nous sommes là pour ça. On t'aime tous très, très fort, car oui, nous sommes une famille.
Donc voilà, tu es libre d'accepter ou non ce commentaire car il est très perso, mais en tout cas, j'espère que tu l'as lu.
Prends soin de toi !
Je me suis sentie "obligée" de valider ce commentaire. Car certes, il est assez perso, mais je veux pouvoir le relire quand j'ai un coup de blues, car ce que tu as dit est, je pense, vrai, mais surtout très touchant. Je te remercie sincèrement mon cher Jules. Merci d'être là <3
SupprimerPS : il faut dormir la nuit, mon Juju ! (cf : l'heure de ton commentaire)
Jules a tout dit, il n'y a aucun doute, mais voilà, nous tenions à te dire que nous aussi, nous pensons fort en toi, en ce jour, certes, mais aussi tous les autres. Sois forte, comme tu l'as toujours été. On t'aime !
RépondreSupprimerL. - H. - H. - E. - A. - C. - F. - J. - S.
Vous êtes tous très matinaux ce matin... Reposez-vous un peu, crotte !
SupprimerMerci les gars ! "Well it's a new dawn, it's a new day, it's a new life for me... And I'm feeling good !". Et ça, c'est en partie grâce à vous. Vous êtes incroyables, merci pour tout ! ♥
Jules, Les Roses,
RépondreSupprimerVous êtes de véritables Chevaliers !
Merci !
ce message me touche tellement, il m'avait déjà touché quand tu m'en avais un peu parlé. on se "connaît" pas trop encore mais je comprends un peu ce que tu ressens parce que j'ai vécu la même chose que toi au mois d'octobre 2011. bref, sans m'étendre là dessus, ça ne sert à rien de ressasser, sache que je te comprends et je t'admire d'avoir si bien repris la vie, la croquer à pleine dent. Ca ne s'est pas vraiment passé comme ça pour moi et je suis encore en train de m'extraire. mais ça dépend de chaque personne. c'est un chemin à prendre et il peut prendre plus ou moins de temps. je t'embrasse et j'espère enfin te voir bientôt !
RépondreSupprimerOoh :( Tu as réussi à me mettre dans tous mes états mais merci pour cet article si touchant !!
RépondreSupprimerEt je te comprends, c'est dur de perdre un être cher, moi aussi j'aurais eu besoin de mettre les mots....
Ton billet est très émouvant
RépondreSupprimerTu sais, on ne connaît pas ce qui se passe après. Peut-être que ton Starrider est toujours là près de toi
Tout comme avec Jules, tu m'en avais déjà parlé et puis plus trop après
Chui là pour toi
Bisous ma belle
Moi aussi j'ai eu l'impression de le connaître quand tu nous en parlais. Quand ton deuil sera fait, tu reparleras de lui avec bonheur et non plus avec douleur, peut-être aussi avec un mélange des deux, je ne sais pas...
RépondreSupprimerTu n'as pas à te sentir coupable. Même si tu as eu un accident, c'est le Sort qui t'a foutu un coup mais il y a le mythe de la roue de la fortune : la roue va tourner et le Sort te favorisera, je te le garantis.
Et ça reste dans un recoin de ma ptite tête mais quand je serai blindée (^^), j'aurai assez de sous pour louer une salle, acheter des bières et du Coca et organiser un concert pour la bonne cause =)
RépondreSupprimerJ'espère que je te fais rire aussi comme tes amis, tout comme hier avec "je suis pas d'accord" ^^
Bisous
Merci, Ariane. Je ne sais pas réellement ce que je pourrais te dire de plus, mais je sais juste que toi et moi, nous seront liées pendant très longtemps. Je vais faire passer cet article à papa et maman.
RépondreSupprimerMerci encore petite soeur <3
Très émouvant ton texte.
RépondreSupprimerJe te souhaite bien du courage. En tout cas si jamais tu veux parler n’hésite pas.
Je partage ta douleur. Je n'ai perdu aucun être cher jusqu'à présent, et je suppose que je ne comprendrais vraiment que lorsque mon tour sera venu de perdre quelqu'un que j'aime. Je sais à quel point tu aimais Morgan et je sais aussi à quel point il te manque. Je sais que vous avez vécu énormément de choses tous les deux. Le soir où tu m'as annoncé son décès, je me suis mise à pleurer. C'était étrange, je ne connaissais pas Morgan, mais sa disparition m'a fait beaucoup de peine. Tous les 21, j'ai pensé à lui en me disant que la vie était injuste. Et tu as beau te dire que, au pire, tu attraperas une étoile, toi, tu attrapes toujours la Lune. Deviens celle que tu veux être, vis la vie qui fera de toi une femme belle et heureuse. Je t'embrasse très fort.
RépondreSupprimerMerci beaucoup ma chère Quérine. Et pardonne moi de ne pas te textoter et t'écrire plus souvent.
SupprimerDes bisous <3
Je pense que nos amis les Roses et que ton Juju ont dit tout ce que je pense...
RépondreSupprimerMorgan me manque beaucoup à moi aussi, et je pense souvent à nous 3. En tout cas, oui, tout le monde le dit ds les commentaires précédents : tu es forte. Et selon moi, tu l'as toujours été, même avant ce 21 novembre.
Comme le dit Quérine, quoi que tu fasses, toi, tu décrocheras la Lune. Parce que toi, tu es une lionne, une battante. Tu es déjà une fille géniale et je suis sûre qu'année après année, tu ne seras qu'encore plus géniale (comme le bon vin).
J'ai hâte qu'on se retrouve tous ensemble mercredi, car ces moments me manquent.
Je t'embrasse fort et Marc se joint à moi pour t'envoyer des bisous.
Courage ma belle.
Merci aussi à Elo, Marc, d'entourer avec tellement de gentillesse notre princesse,et aussi une pensée vraiment particulière pour Hélène et sa famille. Comme Jules et Caro j'ai ressenti le même attachement pour Morgan sans l'avoir connu.
SupprimerNous nous sentons si souvent démunis devant cette détresse sourde.
Mais,Ariane force le respect par son courage. L'écriture étant un cri silencieux, alors Ariane ECRIS !!!!
"L'écriture est un cri silencieux"
SupprimerTrès belle phrase à méditer
On voit nombres d'exemples dans la littérature : la poésie latine élégiaque (de la plainte souvent amoureuse), les violentes satires de Juvénal, les écrits de Voltaire, les poèmes d'Hugo où il se moque ouvertement de Napoléon...
Voilà un post très émouvant, je suis désolé pour la perte de ton meilleur ami, et je suis contente que tu ais su sortir de ton chagrin et aller de l'avant. Comme tu dis, il faut vivre avec, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'on oublie ces personnes parties trop tôt.
RépondreSupprimerJe n'ai été confronté à la disparition d'un proche qu'une fois à ce jour, c'est douloureux et malheureusement il faut accepter que cela fasse partie de la vie.
très bel article <3
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