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vendredi 17 janvier 2014

Coup de coeur livresque - #2 : Albert Cohen, l'exercice de style

Après Mathias Malzieu en novembre (à relire ICI), je viens vous parler aujourd’hui d’Albert Cohen, grand auteur français du XXème siècle, et qui le reste encore, même plus de 30 ans après sa disparition.

J’ai découvert Albert Cohen relativement tard, l’année dernière, lors d’un cours. L’extrait étudié provenait de Belle du Seigneur qui est certainement la plus belle, mais aussi la plus complexe, des œuvres de Cohen. J’ai tout de suite apprécié sa plume, son style, le rythme de son écriture, son style, ses jeux avec les mots, les phrases et les expressions. J’ai donc attendu la fin de l’année (cet été) pour me lancer dans cette grande œuvre (dans tous les sens du terme : plus de 1000 pages, quand même), et je suis tombée amoureuse de cet auteur. Presque dans la foulée, j’ai lu Solal, roman écrit avant Belle du Seigneur qui, comme son titre l’indique, met en lumière un des personnages principaux de la grande fresque de Cohen. Et malgré le caractère manipulateur et séducteur de Solal, on aime le maudire, et on aime tomber dans ses pièges. Entre vous et moi, je mets d’ailleurs le prénom Solal sur la liste des potentiels prénoms pour mes enfants.

Malgré son immense talent, Albert Cohen n’a pas écrit beaucoup d’œuvres, mais elles sont toutes de grandes qualités. Si Belle du Seigneur fût réellement l’œuvre de sa vie, Albert Cohen a également signé de sacrés chef-d’œuvre, notamment Ô vous, frères humains qui est très émouvant et bouleversant. Victime dès son plus jeune âge d’antisémitisme, Albert Cohen aborde tous les thèmes : amour, argent, famille, pouvoir, mais aussi, et surtout, l’injustice.
Tout me plait chez cet auteur qui manie aussi bien l’humour que l’émotion, la narration que la description. Je vous conseille chacune de ses œuvres, puisqu’elles sont toutes d’une immense qualité, très passionnantes et instructives.
Certainement une de mes plus belles découvertes littéraires de ma vie.

A lire :
* Paroles juives (1921)
* Solal (1930)
* Mangeclous (1938)
* Le Livre de ma mère (1954)
* Ezéchiel (1956)
* Belle du Seigneur (1968), Grand prix du roman de l'Académie française
* Les Valeureux (1969)
* Ô vous, frères humains (1972)
* Carnets 1978 (1979).

Quelques citations :

« Ariane, ses yeux soudain traqués lorsque, dissimulant son amour, il inventait une froideur pour être plus aimé encore, Ariane qui l'appelait sa joie et son tourment, son méchant et son tourmente-chrétien, mais aussi frère de l'âme, Ariane, la vive, la tournoyante, l'ensoleillée, la géniale aux télégrammes de cent mots d'amour, tant de télégrammes pour que l'aimé en voyage sût dans une heure, sût vite combien l'aimante aimée l'aimait sans cesse, et une heure après l'envoi elle lisait le brouillon du télégramme en même temps que lui, pour être avec lui, et aussi pour savourer le bonheur de l'aimé, l'admiration de l'aimé. »
Belle du Seigneur
« Nous sommes le monstre d'humanité car nous avons déclaré combat à la nature. » 
Solal

« Les autres mettent des semaines pour arriver à aimer, et à aimer peu, et il leur faut des entretiens et des goûts communs et des cristallisations. Moi, ce fut le temps d'un battement de paupières. Dis-moi fou, mais crois-moi. »
Belle du Seigneur

« Le sommeil a les avantages de la mort sans son petit inconvénient.  »
Le Livre de ma mère
« Ils font des guerres, explosa-t-il soudain, mais ils disent qu'ils s'aiment les uns les autres ! Expliquez-moi, ô mes amis des pistaches, ce mystère de leur foi. »
Mangeclous

« La vieillesse est un décès par petits morceaux. »
Ô vous, frères humains

« Un peuple poète. Un peuple excessif. Chez nous, les grotesques le sont à l’extrême. Les avares, à l’extrême. Les prodigues, et il y en a beaucoup plus, à l’extrême. Les magnifiques, à l’extrême. Le peuple extrême. »
Solal

« Mon âme n’est pas un impalpable ectoplasme à gogos. Mon âme, c’est moi. »
Carnets 1978
« Devenus protocole et politesses rituelles, les mots d'amour glissaient sur la toile cirée de l'habitude. »
Belle du Seigneur

« Ayez pitié de vos frères en la mort. »
Ô vous, frères humains

Connaissez-vous les œuvres d’Albert Cohen ?

5 commentaires:

  1. Je ne connais pas et je ne suis pas sûre que cela me soit accessible car je ne suis pas une littéraire et pourtant ton article me donnerait presqu'envie d'essayer. :)
    (Sinon, pour casser l'ambiance, j'ai entendu ce matin que Marc Lévy était le plus gros vendeur de livres en France)

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    Réponses
    1. Si tu n'es pas une grande lectrice de classique, je te conseille "Ô vous, frères humains", qui est assez court, relativement facile à lire et très (très, très) poignant !

      Et pour Marc Lévy.... Bref ! (je n'en pense pas beaucoup de bien ^^)

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  2. Jamais lu ses livres. Par contre j'ai vu jouer Ben Cohen avec le XV de la rose :D

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  3. Faut que je te présente qn !
    Sms-moi vite :)

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    Réponses
    1. T'as oublié qu'on était un réseau : je suis au courant bro !
      Mazel tov, je suis contente pour toi ♥♥♥♥

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