(Retrouvez
les premières parties ICI).
(Légende photo ci-dessus : Regan King (ASM), victime d'une commotion cérébrale en mars 2012)
Les
KO et commotions ont toujours été des blessures jugées ‘graves’ au sein du
rugby. Mais depuis la professionnalisation de ce sport et l’importante prise de
masse musculaire des joueurs, quel que soit leur poste, ces 10 dernières années
(voire moins), les KO et commotions sont de plus en plus nombreux. Impossible,
ou presque, de regarder un match de haut niveau (Top 14 / Pro D2) sans voir un
joueur sortir sur KO ou pour suspicion de commotion.
Depuis
le début de cette saison 2013/2013, la question de la gravité des KO et des
commotions est plus que jamais à l’affiche des débats rugbystiques. Quels
impacts immédiats ? Quels effets sur le long terme ? Sont-ils, à
répétition, graves pour la santé des joueurs ?
Actuellement,
il est trop « tôt » pour établir des statistiques et donner des
chiffres sérieux et objectifs quant à la gravité des commotions. Il faudra
certainement attendre 4-5 ans pour avoir un rapport complet sur la chose. Mais
les médecins du sport s’inquiètent de ces « black-out » de plus en
plus fréquents et violents au sein du rugby.
Petit
point « médical » : un KO est le fait qu’un joueur perde
connaissance sur le terrain suite à un gros coup. Lorsque le joueur se
« réveille », une équipe médicale lui pose la fameuse série des 21
questions : questions simples auxquelles le joueur doit répondre (quel
jour est-il ? quelle est leur date de naissance ? dans quelle ville
habitent-ils ? etc). A partir des réponses, de la cohérence des propos du
joueur et des facultés auditives, visuelles et cognitives, les médecins
évaluent l’état du joueur. Ce black-out pouvant durer plusieurs minutes est
surveillé de très près par le staff et l’équipe médicale car justement, un KO
peut impliquer une commotion cérébrale. Les examens approfondis (IRM,
notamment) sont presque systématiquement fait par la suite.
Une commotion est définie comme étant : « un trouble soudain et rapidement résolutif du fonctionnement du cerveau, secondaire à un traumatisme crânien ou tout impact sur le corps, transmettant à l’encéphale des contraintes d’inertie importantes. » (Source : Protocole Commotion Cérébrale, fichier PDF de la LNR).
Une commotion est définie comme étant : « un trouble soudain et rapidement résolutif du fonctionnement du cerveau, secondaire à un traumatisme crânien ou tout impact sur le corps, transmettant à l’encéphale des contraintes d’inertie importantes. » (Source : Protocole Commotion Cérébrale, fichier PDF de la LNR).
En
gros (je vous évite le jargon médical incompréhensible) par le fait que le
cerveau, lors d’un choc, vienne heurter la boîte crânienne. Pour faire bref,
tout se secoue « là-dedans » !
Le
site sante-medecine précise « Dans la plupart des cas, une commotion
cérébrale isolée est sans gravité, et aucune lésion du cerveau n'est engendrée
par ce traumatisme. Mais la répétition de celles-ci pourrait entrainer
certaines pathologies neurodégénératives, notamment la maladie de Parkinson
observée plus fréquemment chez des boxeurs ou des rugbymen. »
La commotion d'Alexis Palisson (RC Toulon) est certainement une des blessures les plus marquantes de cette saison 2012/2013.
C’est
pour ces raisons que les commotions sont actuellement contrôlées de très près
par la LNR (Ligue Nationale de Rugby) : les joueurs suspectés de commotion
sont immédiatement évacués du terrain. C’est l’arbitre lui-même ou les médecins
de l’équipe qui décident de cette évacuation, dans le but d’effectuer une
batterie de tests neurologiques.
En
plus des fameuses 21 questions évoquées plus haut, le médecin effectue le test
du Tandem (test d’équilibre comme, par exemple, l’équilibre lors de la marche,
sur une chaise, debout, etc). 5 minutes après ces tests, les médecins évaluent
l’état neuro-moteur du joueur et décide si oui, ou non, il pourra poursuivre la
rencontre. Dans la plupart des cas, le joueur sort définitivement (question de
sécurité).
Après
diagnostic de la commotion, le joueur doit, dans les 48h, consulter un
neurologue et/ou un neurochirurgien. Ensuite, ce dernier détermine la gravité
de la commotion afin
de conclure par les conditions de retour au jeu (entre 1 semaine et 3 semaines, selon la gravité de la commotion).
Généralement,
le retour au jeu est progressif. Mais il ne faut pas oublier qu’un KO ou une
commotion n’est pas une blessure anodine : elle peut laisser des traces
sur plusieurs mois.
Evidemment,
je viens de vous expliquer ce qui est mis sur le papier, c’est-à-dire ce qui
doit être fait. Mais il est vrai que nous sommes en droit de nous poser la
question si ces mesures de précaution et de prévention sont toujours suivies à
la lettre.
Il est impossible de suivre en live la prise en charge des joueurs pros, mais grâce à Twitter et deux jeunes joueurs amateurs, j’ai pu voir si oui ou non, les principes de précaution de KO et de commotions sont suivis, tout au moins, dans le milieu du rugby amateur.
Il est impossible de suivre en live la prise en charge des joueurs pros, mais grâce à Twitter et deux jeunes joueurs amateurs, j’ai pu voir si oui ou non, les principes de précaution de KO et de commotions sont suivis, tout au moins, dans le milieu du rugby amateur.
Gweltas,
22 ans, joueur en Fédérale 2 a connu en tout 4 KO dont 2 il y a 4 ans, en
junior (niveau Balandrade) et 2 en 4 ans, en sénior (niveau Fédérale 2). A
chaque fois, la prise en charge a été immédiate, en premier lieu par les
pompiers, et ensuite par les médecins urgentistes qui lui ont tout de suite
fait faire un scanner et une radio pour faire un constat de l’état
neurologique. Quasiment pour chaque KO (3 fois sur 4), Gweltas a été gardé en
observation et a été soumis à quelques tests neurologiques, notamment un test
d’équilibre (le Test du Tandem) et de réflexion.
Le
suivi post-KO a quant à lui été très strict : des rdv étaient fixés à t =
1 semaine, t = 3 semaines et t = 2 mois pour un contrôle.
Les
arrêts ont été variables, entre 2 semaines et 5 semaines et Gweltas n’a eu
aucune conséquence sur sa santé.
Maxime,
21 ans, joueur en Promotion Honneur, a lui aussi très bien été pris en charge.
Bien qu’il ait connu ses KO avec peu d’intervalle entre eux (à 28 jours d’intervalle),
il n’y a pas de conséquences directes sur sa santé. Les périodes d’arrêt
étaient cependant plus longues que celles de Gweltas (1 mois et 2 mois).
On
peut donc finalement en déduire que oui, la prise en charge et le protocole
sont suivis à la lettre et les professionnels de santé ne perdent pas de temps.
KO pour Rodrigo Roncero (Stade Français), il y a déjà plusieurs années.
On
constate donc finalement que, que ce soit à un niveau professionnel ou un
niveau amateur, les KO sont toujours pris très au sérieux par le staff et le
corps médical.
Un bilan très rassurant, car le rugby reste un sport de contact où
les blessures sont très fréquentes, et les conséquences parfois graves. Mais il
est certain qu’il existe une véritable appréhension chez le joueur,
professionnel ou amateur.
Mais
évidemment, dans quelques rares cas, les KO et commotions peuvent avoir des
impacts très graves, notamment s’ils ont lieu à répétition. Heureusement, la
LNR (Ligue Nationale de Rugby) et la FFR (Fédération Française de Rugby)
renforcent depuis déjà quelques années leur dispositif de prévention et de
prise en charge.
Un
bon documentaire diffusé le 12 septembre 2012 dans l’émission Allo Docteurs
(l’émission santé de la 5 présentée par Michel Cymes et Marina Carrère
d'Encausse) revient en quelques minutes sur ce phénomène. Si vous êtes
intéressé par ce reportage d’environ 5 minutes, très bien expliqué, cliquez sur
le lien qui suit : http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-commotions-cerebrales-les-joueurs-de-rugby-mieux-proteges-8130.asp?1=1#
N'hésitez pas non plus à lire cette interview : http://www.provale.net/page.php?a=166
Un
énorme merci à la LNR d’avoir rendu public son document PDF « Protocole
Commotion Cérébrale ». Merci également à Gweltas et Maxime d’avoir accepté
de répondre à mes quelques questions.
Ce billet me tenait particulièrement à coeur !
Crédit photos : ASM Clermont Auvergne, RC Toulon, Stade Français Paris.
Superbe article, tout a été dit. Bravo !
RépondreSupprimerComme le dirait notre poète national Christophe Maé : "ça fait mal" ^^
RépondreSupprimerAriane, ton article est bien documenté, continue à écrire !
RépondreSupprimerLe pire c'est que nous, en tant que kinés (mais aussi les ostéos), nous avons aussi du boulot derrière : souvent, dans leur chute occasionnée par le KO, les joueurs tombent de manière violente, et la colonne vertébrale peut être touchée.
RépondreSupprimerNotre pire crainte ? Les premières vertèbres : les lésions peuvent être très graves, voire mortelles.
En tout cas, je rejoins l'opinion générale : cet article est une pure réussite. Bravo à toi, et au plaisir de te revoir très vite !
La nouvelle bannière reflète bien l'esprit de ton blog :)
RépondreSupprimerTrès bon article, très bien documenté !
RépondreSupprimerLe pire c'est quand tu ne sais plus trop ce qu'il s'est passé. Et je sais de quoi je parle ;)
RépondreSupprimerSinon, très bon, cet article !
Ça doit vous faire peur quand même !
SupprimerComme nous allons certainement tous te souhaiter les mêmes choses, nous avons décidé de te souhaiter sur ton blog un joyeux anniversaire, tous ensemble ! Plein de bonheur, forcément, mais aussi pas trop de conneries : 18 ans = l'âge des découvertes ;)
RépondreSupprimerOn t'aime fort ! <3
L.J.E.M.J.E.H.Q.H.S.P.S.M.A
Y a pas d'âge pour les découvertes et les conneries ! Mais bon anniversaire jeune demoiselle et Viva Zapata, Viva la liberta !!!!
RépondreSupprimer"La commotion d'Alexis Palisson (RC Toulon) est certainement une des blessures les plus marquantes de cette saison 2012/2013."
RépondreSupprimerDu coup, c'était Alexis Pâlichon :D