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dimanche 27 septembre 2015

"Désormais, la solidarité la plus nécessaire est celle de l'ensemble des habitants de la Terre" - Albert Jacquard, généticien

Photo de Francesco Fantini pour l'association humanitaire Focus to Syria, en partenariat avec MSF
J'ai, ces derniers temps, beaucoup de mal à écrire pour le blog. Vous ne vous en rendez certainement pas compte, car la plupart des articles publiés ces trois-quatre dernières semaines étaient des articles pré-écrits, d'où le fait que le rythme de parution ne change pas. Mais aujourd'hui, j'ai voulu reprendre ma plume.
J'ai du mal à écrire par un cruel manque de temps, évidemment, mais aussi et surtout puisqu'avec toutes les choses qui se passent en ce moment dans le monde, écrire sur la beauté ou les cosmétiques me semble futile, dérisoire et presque égoïste. Je ne blâme pas mes collègues blogueuses et youtubeuses pour ce qu'elles font, mais d'un point de vu personnel, écrire sur ce genre de futilité me met en ce moment mal à l'aise.
Evidemment, je sais qu'il ne faut pas s'arrêter de vivre et qu'il faut profiter des moyens de divertissement à notre portée, pour tenter de nous changer les idées.
Mais se changer les idées implique-il le fait de se voiler la face ?

Je me sens idiote d'écrire sur le dernier rouge à lèvres à la mode, sur le "it" de la saison, alors que des centaines de milliers de personnes vivent des situations d'une dureté et d'une cruauté sans nom. Je me sens idiote de me plaindre du fait de me lever à 5h du matin et de mon rythme de travail, alors que des personnes n'ont pas d'autre recours que de quitter leur pays pour pouvoir (sur)vivre aux massacres perpétrés par ne organisation sordide, extrémiste, archaïque et terroriste.

Justement... Je suis outrée de ce que l'on peut lire, entendre ou voir dans les journaux, sur internet ou à la télévision. Je suis choquée au plus profond de mon être lorsque les réfugiés fuyant l'horreur sont, en Europe, comparés, à demi-mots, à des parasites, des êtres nuisibles propagateurs du tout nouveau mal du siècle.
L'Europe, et particulièrement la France, sont les premières à condamner la situation en Syrie, en Irak ou en Afghanistan ; les premières à donner des leçons... Mais quand il s'agit de tendre la main, on sent un doute, une hésitation, une réticence.

Avant d'être des Syriens, des Afghans, des Irakiens ou autre, ces personnes sont des êtres humains dotés d'un coeur, d'une sensibilité et surtout d'une mémoire qui ne pourra jamais effacer les atrocités qu'elle a pu voir. Il est évidemment compliqué de pouvoir accueillir tout le monde, de pouvoir fournir les ressources nécessaires, tant sur le plan vital que social. Mais abandonner des êtres humains dans leur détresse revient à fermer volontairement les yeux face à la misère et la désespérance, ce qu'on pourrait apparenter à de la non-assistance à personnes en danger.
Et même si cela n'aura aucun impact sur la situation actuelle, je suis très fière d'arborer aujourd'hui un tatouage qui transmet un message de paix et d'unité des être humains : All is One.

Parmi celles et ceux qui sont "contre" l'arrivée des réfugiés en France et plus largement en Europe (peut-on être contre le fait que des personnes désespérées tentent de survivre tant bien que mal ??), que penseriez-vous si le monde entier nous rejetait si nous étions dans une situation similaire à celle qui se passe actuellement au Proche et Moyen Orient ? A quelle vie peut-on prétendre lorsqu'on a préféré fuir le pays dans lequel on est né, dans le quel on a vécu, sans pour autant être soutenu par le reste du monde ?

Si d'un point de vue diplomatique, il existe des frontières, il n'y en a pas sur le plan géographique... J'ai beau être née en France, avoir la nationalité française et y vivre depuis ma naissance, la terre sur laquelle je marche, la terre "de la France" ne m'appartient pas. Ou du moins, elle ne m'appartient ni plus, ni moins qu'à une réfugier syrien.

Il nous faut maintenant prendre conscience de la situation et de ses conséquences. Mais aussi et surtout alimenter les liens solidaires et fraternels, des liens de soutien, entre les gens, qu'ils soient réfugiés, migrants ou citoyens du monde. Cela urge réellement, et notre conscience ne pourra supporter cette brèche de l'Histoire.
Je ne tiens pas à ce que mes petits-enfants aient honte de ma génération parce que nous avons préféré fermer les yeux plutôt que d'agir.

mardi 14 juillet 2015

"Nos faces cachées", par Amy Harmon

Depuis plusieurs mois déjà, je partage avec vous mes découvertes littéraires, qu'elles soient bonnes ou moins bonnes, grâce à ma rubrique 7 semaines, plusieurs livres dont le prochain numéro, le #7, arrivera mi-août. De ce fait, il est très rare, voire inexistant, que je fasse un article complet sur un livre, puisque cette rubrique est totalement dédié à mes lectures.
Cependant, il y a environ une semaine, lorsque j'ai lu les dernières phrases de Nos faces cachées (Making Faces en VO) d'Amy Harmon, j'ai ressenti l'envie de vous faire un article complet et détaillé de cette oeuvre. Plus qu'une envie, j'en ai presque eu besoin.

Pour vous mettre dans le contexte, depuis plusieurs mois, je suis beaucoup de chaînes Booktube (chaînes Youtube totalement dédiées à tout ce qui touche de près ou de loin à la lecture) et plusieurs d'entre elles ont parlé de ce roman. Toutes les lectrices étaient unanimes sur le fait que malgré un résumé de l'éditeur plus que bancal, ce livre a été un coup de coeur, une véritable claque. Etant curieuse, j'ai voulu me lancer mais sans lire le résumé. Au moins, je savais que je ne me ferai pas de fausses idées, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Et tout comme ces Youtubeuses, j'ai été totalement bouleversée par ce roman. J'ai pris la décision, dans cet article, de ne pas communiquer le résumé "officiel" du livre, mais si vous désirez absolument en prendre connaissance, en voici un LIEN ; je préfère vous faire mon propre résumé, celui qui, à mon avis, vous donnera un réel aperçu du livre et de son histoire.

Septembre 2001. On retrouve Fern, une jeune fille de 17-18 ans amoureuse d'un jeune homme inaccessible, Ambrose, champion de lutte de sa ville. Fern est extrêmement lié à son cousin Bailey, myopathe qui est depuis quelques temps en fauteuil roulant mais qui, malgré les épreuves de la vie, profite à fond de ce que la vie peut lui apporter. Le 11 septembre 2001 et toutes ses conséquences que nous connaissons malheureusement très bien arrivent, et Ambrose perd sa mère qui était dans l'une des tours. Il décide de s'engager dans l'armée et part, avec quatre autres camarades, en zone de guerre en Irak. Une terrible attaque a lieu là-bas et seul un des cinq garçons revient en vie dans sa ville natale. Si la guerre a laissé des stigmates au jeune homme, qui se trouve alors défiguré, elle a également eu un impact sur son psychique. Pour éviter tout gâchis, je m'arrête donc ici.


"Il est à moitié aveugle, mais malgré ça, ou peut-être grâce à ça, il voit les choses avec plus de clarté qu'auparavant."


Nos faces cachées, c'est l'histoire d'un deuil national, l'histoire du deuil d'une petite ville, l'histoire d'une jeune fille formidable qui souffre pourtant d'un immense manque de confiance en elle. C'est aussi une bouleversante histoire d'amitié, d'acceptation de soi et des autres qui prouve que finalement, rien n'est perdu, rien n'est impossible.
L'auteure opte pour un point de vue interne, celui de Fern, et nous permet ainsi de nous confronter aux incompréhensions et aux obstacles rencontrés face aux réactions du jeune homme. La façon dont l'auteure aborde la psychologie des personnages est très intéressante : le choc post-traumatique du jeune rescapé est parfois traité de manière brutale, sans envie de sa part d'arrondir les angles.

Amy Harmon
Outre le choc post-traumatique du jeune homme, j'ai également beaucoup apprécié qu'Amy Harmon s'attarde sur les attitudes et le comportement de Fern qui doit alors panser les blessures physiques et psychologiques. Que ce soit dans les journaux, à la télévision ou dans les livres, qu'ils soient fictifs ou qu'ils soient fondés sur des témoignages, on évoque souvent les comportements des personnes qui reviennent de zones de guerre (soldats ou otages), des séquelles physiques et/ou morales, mais on ne parle que trop rarement de leurs proches, famille ou amis, et des répercussions sur leur vie. Nos faces cachées nous montre bien que, évidemment, le jeune homme qui revient est le premier à souffrir de ce qu'il a vu et de ce qu'il a vécu, mais que ses proches reçoivent également des confidences et des réactions douloureuses, éprouvantes.
Les souvenirs de la personne qui a souffert deviennent les souvenirs de la personne à qui elle se confie.


"Mais écoute bien ce que je te dis. Les chanceux sont ceux qui ne reviennent pas. Est-ce que tu comprends ?"


J'ai énormément pleuré durant ma lecture, mais j'ai aussi souvent ri et finalement, le message est extrêmement beau : une lueur d'espoir, de tolérance et de relativisme au milieu de passages parfois très difficiles.
Bien que Nos faces cachées soit conseillé dès 14 ans sur les sites de lecture et de vente de livres, je pense sincèrement qu'un minimum de maturité et de recul face au 11 septembre et aux conséquences géopolitiques sont requis. Seul point négatif de l'oeuvre : le côté puritain, typiquement américain, vis-à-vis de la religion et du patriotisme. Cela mis à part, Nos faces cachées est un livre que je vous recommande chaudement. Je l'ai lu en ebook, mais je pense sincèrement l'acheter en format papier.
Une véritable pépite ; puissante et belle.

mardi 20 janvier 2015

Et maintenant...?

Crédit photo : Cyril Bonnet, pour Nouvel Obs
Nous sommes aujourd’hui à J+13 du début des attentats qui ont touché la France, et plus particulièrement Paris. On a pu constater l’élan de fraternité, de solidarité et d’unité toute la semaine, et surtout le 11 janvier, lors de la Marche Républicaine, dont je vous parlais ICI. Nous avons toutes et tous, ou presque, scandé « Je suis Charlie », que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la rue, en exprimant notre solidarité un peu partout en France, notamment sur la Place de la République. Mais qu’en est-il actuellement, et qu’en sera-t-il demain ?

Charlie Hebdo et les autres
Mais à J+13, alors que les choses commencent peu à peu à rentrer dans l’ordre, la liste d’attente pour le Charlie Hebdo post-événements est toujours aussi longue. Certains, qui n’avaient jamais entendu parler du journal satirique, se sont littéralement rués sur les nombreux kiosques parisiens. D’autres ont continué à lire les journaux qu’ils avaient l’habitude d’acheter, voire pas du tout. Et ce sont eux, finalement, qui ont eu raison. Oui, c’est beau d’avoir voulu aider et soutenir Charlie Hebdo, mais le soutien ne doit pas s’arrêter à une sorte d’engouement effet « mouton ». La presse écrite, quelle qu’elle soit (satirique ou non, de gauche comme de droite, féminine ou masculine, musicale ou littéraire), agonise et vit en grande partie des donations de lecteurs et des publicités publiées dans leurs pages. L’aider devient une nécessité, attentats ou non.

Crédit photo : JDD
Alors oui, je suis très fière d’avoir vécu ces élans de solidarité, mais qu’en sera-t-il de la situation financière de Charlie (et des autres !) dans 2 mois, 8 mois, 1 an ? C’est à ce moment-là qu’il faudra regarder en arrière et se dire qu’on a été bêtes d’acheter la presse, que dis-je de se jeter sur Charlie Hebdo, pour finalement à peine le feuilleter et ne plus jamais racheter un seul exemplaire… Le soutien et l’unité ne doivent pas être un phénomène de masse. Ceci doit être accompli avec une profonde conviction. Celle de faire bouger les choses.

Les amalgames et la haine de ceux qui se disent vouloir vivre ensemble
A peine avons-nous su que ces attentats avaient été commis par des terroristes que beaucoup ont commencé les amalgames. Je trouve inadmissible et terriblement triste que des citoyens français de confession musulmane aient « dû » se justifier comme quoi ils étaient musulmans mais n’approuvaient pas les actes de ce début du mois de janvier.

Il est déjà inadmissible de tuer quelqu’un pour de simples dessins, mais il est d’autant plus grave que ces actes aient des répercussions sur un groupe d’individus, quels qu’ils soient.
On a vu lors de la Marche du dimanche des gens d’origines et de confessions très différentes aux bras les uns les autres. C’est magnifique, oui ! Mais il est dommage que ces personnes aient besoin de se montrer face caméra pour que les propos haineux s’arrêtent. Il suffit de flâner sur les réseaux sociaux. Le nombre de tweets, de statuts, de photos ou de billets de blog aux propos racistes, antisémites et islamophobes sont de plus en plus nombreux. Honte à ceux qui les écrivent, mais également, voire encore plus, honte à ceux qui les relayent grâce (ou plutôt à cause) de la fameuse mention « J’aime ».

Avant de prétendre vouloir vivre ensemble, intégrons la véritable signification des mots tolérance et respect.

La liberté, jusqu’où ?
Le respect, justement… L’action de respecter se définit dans le dictionnaire du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales comme étant de « Considérer quelqu'un avec respect, porter une profonde estime à quelqu'un, le traiter avec égards en raison de son âge, sa position sociale, sa valeur morale ou intellectuelle ». Par conséquent, je respecte celles et ceux qui n’ont pas voulu être Charlie.
D’un point de vue strictement personnel, les dessins de Charlie Hebdo m’ont toujours (ou presque) fait rire. Mais je peux comprendre qu’ils n’aient pu plaire à certains, voire les blesser. De ce fait, je n’ai pas insulté ou traité d’insensibles les personnes qui ne sont pas Charlie.

Crédit photo : 20 Minutes
Ne pas être Charlie ne signifie pas être du côté des terroristes et encourager les actes d’attentats. Ne pas être Charlie ne signifie pas être contre la liberté d’expression. Ne pas être Charlie signifie simplement ne pas approuver les caricatures et satires. Et dans le pays des Droits de l’Homme, chacun est libre de penser que quelques hommes, qu’ils soient caricaturistes, journalistes ou autres, sont allés un peu loin. Et écouter les avis de ceux qui ne sont pas Charlie s’avère très intéressant. Alors si quelqu’un ouvre un jour la conversation à ce propos avec vous, ne soyez pas borné et écoutez jusqu’au bout ce que cette personne a à vous dire. Car si certains ont pu être attristés et choqués de ces caricatures, ils n’approuvent pas les meurtres, les tueries, les barbaries. Il suffit juste de tendre l’oreille et d’accepter que notre voisin ait une opinion divergente. N’est-ce pas également ça, la liberté d’expression ?

Et n’oubliez pas que comme tout droit, la liberté d’expression a des limites, lesquelles sont fixées par des lois, notamment l’article 11 de la DDHC (1789) ou encore la loi Gayssot (1990), entre autres. Alors ne stigmatisons pas celles et ceux qui refusent d’être Charlie.

La liberté à travers le monde
A l’heure où la France et ses alliés géopolitiques (l’Allemagne, les Etats-Unis, etc…) se battent et manifestent pour cette fameuse liberté d’expression, certains pays se battent pour leur liberté « tout-court ».
Qu’en est-il des lycéennes enlevées au Nigeria par Boko Haram, en avril 2014 ? Qu’en est-il de ces enfants en Syrie qui sont obligés de vivre sous les bombes, tous les jours, depuis déjà bien trop longtemps, et qui, pour certains, n'ont jamais connu la paix ? Qu’en est-il de ces journalistes de Corée du Sud qui, ayant contourné la censure, sont torturés et humiliés en prison ? Qu’en est-il de ces millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim ?

Lutter contre le terrorisme en France, et plus généralement en Occident, est primordial, oui. Mais fermer les yeux sur toutes les immondices et les injustices perpétrées dans le monde est inconcevable. On ne peut pas « être Charlie » et ne pas vouloir voir la vérité en face sur ce qui nous entoure.

Je suis Raif
Affiche créée par Amnesty International
Raif Badawi, saoudien de 30 ans, est le lauréat 2014 du prix pour la liberté de la presse (par Reporters Sans Frontière). Sur son blog, il a eu le malheur d’avoir partagé son ressenti et ses doutes concernant les libertés fondamentales en Arabie Saoudite et sa société en général (religion, politique, société, etc…). Son site (Liberal Saudi Network) est actuellement interdit et Raif est emprisonné depuis 2 ans. Il a été condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet. Afin de « donner l’exemple », le gouvernement saoudien a souhaité que ce jeune homme ne meurt pas sous le fouet. De ce fait, il recevra 50 coups de fouet chaque semaine, en public, le vendredi, devant une des mosquées de Jeddah.

Puisque la liberté d’expression et la liberté de vivre ne doivent pas se limiter à Charlie Hebdo, n’oublions pas toutes ces personnes partout dans le monde, de tout âge, de toute religion, qui sont enlevées, frappées, humiliées, fouettées, torturées et tuées pour avoir voulu vivre, donner leur avis et tenir tête aux fous qui souhaitent tirer les ficelles du monde.

Je termine ceci par une pensée chaleureuse et un immense merci, du fond du cœur, aux journalistes qui partent dans des zones dangereuses pour pouvoir nous mettre au courant de ce qui se passe dans le monde. Ces hommes et ces femmes risquent leur vie pour que nous ne demeurions pas aveugles. N’oublions jamais les sacrifices de certains.

lundi 28 juillet 2014

Journal de Jérusalem #3

Photo par Thomas Coex, pour l'AFP
Vous pouvez relire les premiers numéros du Journal de Jérusalem en cliquant ICI.

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Jérusalem, le 28 juillet

Je suis originaire de Jérusalem, mais j’ai toujours apprécié Tel Aviv qui est une ville très jeune et dynamique, parfaite pour les jeunes qui aiment faire la fête. C’est pour ça que j’y suis allée ce week-end avec mon frère et nos cousins. Mais pas que pour ça. L’appellation Journal de Jérusalem de cette rubrique va donc être un peu faussée pour le billet d’aujourd’hui.

En fait, il y avait une manifestation samedi soir (le 26 juillet) organisée à Tel Aviv. Au début, nous voulions juste y jeter un œil, mais finalement nous avons fait part à cette manifestation puisqu’elle s’est déroulée dans le calme et surtout, reprenait des idées et des valeurs communes aux nôtres. Evidemment je tiens à préciser que nos plus jeunes cousins n’étaient pas avec nous. Nous avons tous les 5 entre 17 et 24 ans. Nous n’aurions jamais embarqué de jeunes enfants dans une manifestation, aussi pacifique soit-elle.

Photo par Thomas Coex, pour l'AFP
Cette manifestation a été bouleversante et poignante. Nous étions plusieurs milliers, à priori entre 5000 et 7000 personnes, à nous rassembler à Tel Aviv (sur la Place Yitzhak Rabin) pour élever notre voix contre les agissements meurtriers de l’Etat. Cette manifestation a été organisée par la gauche israélienne. L’opposition faite au Hamas est normale, puisqu’elle évite au pays de périr sous des menaces terroristes, mais c’est Gaza qui est le terrain d’affrontement et ça ce n’est pas normal.
Nous ne sommes pas contre notre pays et notre armée. Nous ne sommes pas antisionistes non plus. Mais nous sommes contre le fait que des civils, et surtout des enfants innocents, soient les premières victimes de ce conflit qui commence à devenir long et pesant dans notre vie quotidienne. Nous sommes contre la guerre.

En espérant que les choses changent, et vite.


Yaël Benaïm

vendredi 18 juillet 2014

Journal de Jérusalem #2

Bombardements à Gaza, photo d'Ibraheem Abu Mustafa
Première partie du Journal de Jérusalem à (re)lire ICI.

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Jérusalem, 17 juillet

Aujourd’hui je suis très en colère contre mon pays. Hier (le 16 juillet) il y a eu un énorme bombardement à Gaza. Jusqu’ici, rien de très changeant. Triste réalité. Mais quand Israël dit qu’elle ne s’en prend pas aux civils je suis vraiment désolée, énervée et triste de voir que des enfants ont été bombardés sur une plage. J’ai beau être israélienne je ne peux pas cautionner ça. Si Israël a « ouvert le feu » sur la bande de Gaza au début du mois, c’était justement parce qu’elle trouvait qu’il est inadmissible de s’en prendre à des civils, et pire, à des enfants. Mais depuis quelques jours, c’est ce qu’Israël fait en toute impunité.

A Jérusalem on ne sait plus réellement quoi penser. On aimerait que cette guerre s’arrête vite, mais on aimerait surtout que les morts de civils cessent encore plus vite. Le grand problème dans tout ça, c’est aussi que la plupart des médias étrangers (on y revient encore une fois !) confondent et mélangent un peu tout. Si on les écoute, le Hamas, Gaza et la Palestine sont dans le même lot. Il faudrait penser à remettre les points sur les « i » : c’est le Hamas (mouvement islamiste) qui bombarde. Pas les palestiniens. Donc le terme de « conflit israélo-palestinien » n’est pas réellement adéquat en ce moment, même si d’un point de vue historique il a longtemps été bien employé.

Funérailles d'enfants palestiniens le 16 juillet, à Gaza, photo de Mohammed Abed
Un cessez-le-feu, qu’ils appellent « trêve humanitaire », a été accepté des deux côtés à partir d’aujourd’hui, vers 10h. Elle devait durer jusque 15h environ. Très courte, cette trêve quand même… Mais pour être sur place je peux vous dire que cette trêve est loin d’être respectée, puisque en fin de matinée, les bruits des tirs de roquettes étaient toujours aussi présents que la veille ou l’avant-veille.

L’ONU commence un peu à mettre son nez dans tout ce foutoir, mais ce n’est pas encore assez, on attend toujours les vraies prises de décisions, mais surtout, les vraies actions de la communauté internationale. Paradoxalement, c’est l’UEFA (union des associations européennes de football) qui agit un peu, mais d’une manière assez étrange, et franchement inutile : elle interdit le déroulement de matches d’Europa League ou de Ligue des Champions en Israël « jusqu’à nouvel ordre ».

Aujourd’hui, on compte 231 morts palestiniens et 1700 blessés. Plus d’un millier de roquettes auraient été tirée sur Israël depuis le 8 juillet. Soit environ 100 roquettes par jour.


Yaël Benaïm

samedi 12 juillet 2014

Journal de Jérusalem #1

Source : Spire2013
Aujourd'hui, petite nouveauté sur le blog. Vous n'êtes pas sans savoir que la situation actuelle au Proche-Orient est désastreuse. Mon amie Yaël, pour qui je m'inquiète tous les jours, il faut l'avouer, est retournée chez elle, à Jérusalem, depuis fin-juin. Nous sommes constamment en contact afin qu'elle me donne régulièrement de ses nouvelles. Nous nous sentons toutes les deux très concernées par l'actualité, et nous avons décidé d'ouvrir ensemble cette série de billets : Journal de Jérusalem. Aussi souvent que possible, Yaël me fera parvenir des sortes de lettres, comme un journal de bord, que je partagerai avec vous.

NB : il est relativement "tabou" de donner son opinion quant à ce conflit qui, malheureusement, perdure depuis déjà beaucoup trop de temps. Dans cette série d'articles, ni Yaël ni moi allons prendre position ouvertement. Nous avons, bien évidemment, notre opinion, mais nous préférons la garder pour nous et en parler en privé.
Chacun est en droit de penser ce qu'il veut, de dire ce qu'il veut et de commenter de la manière qu'il le veut sous cet article, à condition de le faire dans le respect et d'éviter tout propos abusif et antisémite.
Chacune des photos illustrant chacun des billets ne sera PAS de Yaël qui ne préfère pas s'aventurer "sur le terrain". Le nom de la source des photos sera systématiquement donné. Au mieux, je donnerai le nom des photographes, même si parfois, celui-ci n'est pas forcément mentionné.

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Jérusalem, le 11 juillet

Avant toute chose, Ariane a voulu que je fasse une courte présentation pour cadrer un petit peu ce que je vais vous raconter et que vous me connaissiez mieux.
Je vais faire comme l’a dit mademoiselle Ariane, mais en version courte pour éviter de vous endormir. Pour faire court, je m’appelle Yaël, j’ai 19 ans et je suis actuellement étudiante en médecine à Paris V (Descartes). Je suis franco-israélienne (mon papa est français et ma maman israélienne), je suis née à Jérusalem et je suis partie à Paris à l’âge de 10 ans. Même si j’aime beaucoup Paris je tiens énormément à Israël et je vais le plus souvent possible à Jérusalem, où mes parents ont conservé leur maison, ma maison d’enfance. J’y retourne dès que j’ai un petit peu de vacances. J’y suis actuellement depuis le 26 juin.

Comme vous le savez, le pays est actuellement au cœur d’un énorme conflit avec la Palestine. Jusqu’ici, Jérusalem avait été relativement épargnée, mais depuis quelques jours, la ville est elle aussi touchée par les affrontements et les différents tirs. Si les médias (français, mais pas que !) n’osent pas encore le dire, ici on emploie bel et bien le mot « guerre » pour qualifier la situation actuelle.

Photo : Ahmad Gharabli, AFP.
Pour la plupart des médias étrangers, ce « conflit » est dû à l’assassinat des 3 jeunes israéliens qui avaient été enlevés le 14 juin 2014 et assassinés fin juin. Cet assassinat avait été revendiqué par le Hamas, le 30 juin 2014. Les réactions du gouvernement israélien avaient été très violentes. Je me souviens notamment d’un des ministres (je ne sais plus lequel malheureusement) qui avait dit « Israël doit donner une leçon au Hamas qu’il n’oubliera jamais ». Mais malheureusement, le conflit était là depuis bien plus longtemps, et le climat a toujours été tendu dans ce coin du monde (Israël, Palestine, Bande de Gaza, Liban, Syrie). On peut dire que l’assassinat de ces pauvres jeunes hommes n’a été que l’élément déclencheur de cette situation déplorable et inquiétante, tant pour Israël que pour le reste du monde.

De là où j’habite à Jérusalem, on entend de plus en plus les tirs. Les sirènes sont de plus en plus nombreuses. Certains tirs proviennent de Gaza mais d’autres aussi, et on en parle beaucoup moins, du Liban. La plupart des tirs de roquette visent Tel-Aviv, Zichron Yaakov et Sderot, et maintenant, Jérusalem (qui, il faut le rappeler, est une ville-frontière entre Israël et la Cisjordanie). Les bruits sont assez impressionnants au début, surtout quand vous n’avez jamais été au centre d’une telle guerre. Mais c’est triste à dire mais on finit un peu (toute proportion gardée !!!) à s’habituer au bruit, malheureusement. Je sais que mes parents sont très inquiets, et les plus jeunes de ma famille sont effrayés : ils n’ont jamais vécu une telle situation et il est compliqué de leur expliquer le pourquoi du comment. Le pire reste quand même quand ils nous demandent quand tout cela va cesser. Le problème est bien là : personne ne sait, et malgré l’appel au cessez-le-feu d’Obama envers le premier ministre (Benyamin Nétanyahou), le conflit est loin d’être fini.


Yaël Benaïm
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