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Photo de Francesco Fantini pour l'association humanitaire Focus to Syria, en partenariat avec MSF |
J'ai du mal à écrire par un cruel manque de temps, évidemment, mais aussi et surtout puisqu'avec toutes les choses qui se passent en ce moment dans le monde, écrire sur la beauté ou les cosmétiques me semble futile, dérisoire et presque égoïste. Je ne blâme pas mes collègues blogueuses et youtubeuses pour ce qu'elles font, mais d'un point de vu personnel, écrire sur ce genre de futilité me met en ce moment mal à l'aise.
Evidemment, je sais qu'il ne faut pas s'arrêter de vivre et qu'il faut profiter des moyens de divertissement à notre portée, pour tenter de nous changer les idées.
Mais se changer les idées implique-il le fait de se voiler la face ?
Je me sens idiote d'écrire sur le dernier rouge à lèvres à la mode, sur le "it" de la saison, alors que des centaines de milliers de personnes vivent des situations d'une dureté et d'une cruauté sans nom. Je me sens idiote de me plaindre du fait de me lever à 5h du matin et de mon rythme de travail, alors que des personnes n'ont pas d'autre recours que de quitter leur pays pour pouvoir (sur)vivre aux massacres perpétrés par ne organisation sordide, extrémiste, archaïque et terroriste.
Justement... Je suis outrée de ce que l'on peut lire, entendre ou voir dans les journaux, sur internet ou à la télévision. Je suis choquée au plus profond de mon être lorsque les réfugiés fuyant l'horreur sont, en Europe, comparés, à demi-mots, à des parasites, des êtres nuisibles propagateurs du tout nouveau mal du siècle.
L'Europe, et particulièrement la France, sont les premières à condamner la situation en Syrie, en Irak ou en Afghanistan ; les premières à donner des leçons... Mais quand il s'agit de tendre la main, on sent un doute, une hésitation, une réticence.
Avant d'être des Syriens, des Afghans, des Irakiens ou autre, ces personnes sont des êtres humains dotés d'un coeur, d'une sensibilité et surtout d'une mémoire qui ne pourra jamais effacer les atrocités qu'elle a pu voir. Il est évidemment compliqué de pouvoir accueillir tout le monde, de pouvoir fournir les ressources nécessaires, tant sur le plan vital que social. Mais abandonner des êtres humains dans leur détresse revient à fermer volontairement les yeux face à la misère et la désespérance, ce qu'on pourrait apparenter à de la non-assistance à personnes en danger.
Et même si cela n'aura aucun impact
sur la situation actuelle, je suis très fière d'arborer aujourd'hui
un tatouage qui transmet un message de paix et d'unité des être
humains : All is One.
Parmi celles et ceux qui sont "contre" l'arrivée des réfugiés en France et plus largement en Europe (peut-on être contre le fait que des personnes désespérées tentent de survivre tant bien que mal ??), que penseriez-vous si le monde entier nous rejetait si nous étions dans une situation similaire à celle qui se passe actuellement au Proche et Moyen Orient ? A quelle vie peut-on prétendre lorsqu'on a préféré fuir le pays dans lequel on est né, dans le quel on a vécu, sans pour autant être soutenu par le reste du monde ?
Si d'un point de vue diplomatique, il existe des frontières, il n'y en a pas sur le plan géographique... J'ai beau être née en France, avoir la nationalité française et y vivre depuis ma naissance, la terre sur laquelle je marche, la terre "de la France" ne m'appartient pas. Ou du moins, elle ne m'appartient ni plus, ni moins qu'à une réfugier syrien.
Il nous faut maintenant prendre conscience de la situation et de ses conséquences. Mais aussi et surtout alimenter les liens solidaires et fraternels, des liens de soutien, entre les gens, qu'ils soient réfugiés, migrants ou citoyens du monde. Cela urge réellement, et notre conscience ne pourra supporter cette brèche de l'Histoire.
Je ne tiens pas à ce que mes petits-enfants aient honte de ma génération parce que nous avons préféré fermer les yeux plutôt que d'agir.